Bambu Lab n’est pas près de lever le pied, de toute évidence. Nous en voulons pour preuve la sortie de sa nouvelle imprimante 3D de la série P1. Alors même que ses concurrents commencent à proposer des machines destinées à combler les lacunes de son offre, Bambu Lab semble déterminé à apporter ses propres solutions.
La P1S illustre parfaitement cette situation. Cette version fermée de la P1P du même fabricant vient combler un vide dans lequel Creality semblait sur le point de s’engouffrer avec sa Creality K1, sortie récemment. C’était sans compter sur Bambu Lab, qui réplique immédiatement en baissant le prix de sa P1P, imprimante ouverte, et en dévoilant la P1S, son équivalent fermé.
Notre mission est claire : découvrir si la P1S fait aussi bien que sa grande sœur en termes de qualité et si elle doit faire peur à la concurrence. Nous vous livrons nos conclusions ci-dessous.
La peinture de la P1P était encore fraîche, mais Bambu Lab nous propose avec sa nouvelle P1S l’équivalent d’un ravalement de façade plutôt bienvenu. Cette nouveauté vient combler les carences de son offre petit budget, un vide que la concurrence aurait tôt fait de remplir. Avec un habitacle fermé et un ventilateur auxiliaire pour le refroidissement des pièces en plus, la P1S est disponible au même prix que sa grande sœur à sa sortie. Une imprimante 3D de haute qualité à un prix moyenne gamme, on ne demande pas mieux.
Notez que Bambu Lab protège d’une main de fer l’écosystème de sa machine (on pense notamment au logiciel qui n’est pas open source et au hardware propriétaire), ce qui ne plaira pas à tout le monde. Si vous préférez plonger les mains dans le cambouis pour bidouiller vous-même votre imprimante 3D (plutôt que d’installer un nouveau hotend et d’ajuster au poil près les réglages du slicer), passez votre chemin. Par contre, si vous recherchez une imprimante 3D plutôt grand public et bien obéissante, nous vous mettons au défi de trouver mieux.
Chez Bambu Lab, la P1S comble le fossé entre la P1P, plus abordable, et la X1-Carbon, plus haut de gamme, en plaçant un boîtier autour de l’imprimante, pour une meilleure compatibilité avec les matériaux exigeant une haute température, et en ajoutant un ventilateur auxiliaire de refroidissement. Bien sûr, il lui manque toujours les caractéristiques premium de la X1, comme son lidar et sa caméra à intelligence artificielle. Mais si vous ne pouvez vous l’offrir et que vous prévoyez d’imprimer des matériaux sujets au warping, comme l’ABS et l’ASA, la P1S est une bonne alternative : une imprimante Bambu Lab fermée et quasiment deux fois moins cher.
La machine est livrée avec une plaque de PEI texturé double face bien plus pratique que la Bambu Cool présente sur la P1P, qui ne fonctionne pas sans agent adhésif. La plaque de la P1S fait exactement ce qu’on attend d’elle : elle adhère bien tout en permettant de retirer facilement les impressions (quitte à la plier un peu pour les modèles les plus récalcitrants). Pour le reste, la P1S marche dans les pas de la P1P, avec le même volume d’impression de 256 x 256 x 256 mm, une caméra, un éclairage LED, et une interface qui ressemble à un MP3 old school. On retrouve aussi le nivellement automatique du plateau qui fonctionne grâce à des capteurs de charge, ainsi que l’input shaper, pour la compensation de la résonance, et le pressure advance, pour la réduction des suintements de la buse.
La caméra reste le point faible de la P1S, avec une fréquence d’images de seulement 0,5 et une résolution très faible de 720 pixels. Que vous souhaitiez surveiller votre impression ou créer des timelapses, attendez-vous à des résultats visuellement décevants. Malheureusement, la caméra de la X1-Carbon, qui est bien meilleure, n’est pas compatible avec la P1S, impossible donc de faire l’échange. Il est certes agréable de pouvoir profiter d’une caméra proposée par défaut sur la machine, mais elle produit des images trop granuleuses que vous ne risquez pas de montrer fièrement à vos amis.
La sortie de la P1S est arrivée à point nommé compte tenu du récent lancement de la K1 CoreXY de Creality, qui constitue une tentative évidente de profiter de l’engouement pour Bambu Lab. Le design fermé de la K1 était un avantage qui manquait à la gamme la plus abordable de Bambu Lab, mais la P1S est venue rattraper ce retard quelques mois plus tard.
La P1S repose sur une cinématique CoreXY qui s’avère de plus en plus populaire (et de plus en plus abordable) en impression 3D. Son architecture est exactement la même que celle des autres imprimantes 3D de Bambu Lab : la tête d’impression est entraînée par une courroie qui se déplace le long des axes X et Y et le plateau se déplace de haut en bas sur l’axe Z. Ce dernier repose sur trois tiges linéaires et leurs vis d’entraînement, portées par une courroie et un unique moteur pas-à-pas situé sous l’imprimante.
La tête d’impression est dotée d’un extrudeur direct et d’un hotend entièrement métallique qui peut imprimer jusqu’à 300 °C. Selon Bambu Lab, l’imprimante peut sortir du filament à une vitesse maximale de 500 mm/s. D’ailleurs, la P1S reprend ces vitesses dans ses profils de découpe par défaut : 430 mm/s sur le profil « Fine » (hauteur de couche de 0,12 mm) et 450 mm/s sur le profil « Extra Fine » (hauteur de couche de 0,08 mm) si l’on sélectionne un remplissage peu garni. Il est plutôt appréciable de rencontrer une imprimante qui exploite réellement son potentiel de vitesse dans ses profils par défaut.
La première P1S que nous avons reçue présentait un problème de tige linéaire mal alignée à l’arrière, ce qui a retardé inopinément notre évaluation de la machine. Il semble qu’elle ait été déplacée, probablement durant le transport, et l’angle en résultant empêchait le plateau de s’élever à peu près à mi-chemin de l’axe Z de l’imprimante. Pas top, mais voyons les choses du bon côté : cette mésaventure nous a permis de tester le service après-vente de Bambu Lab.
Notez bien que nous l’avons contacté en tant qu’All3DP, et ne pouvons donc témoigner de l’accueil réservé aux clients classiques. Si vous en avez fait l’expérience, parlez-nous-en dans les commentaires.
Dans notre cas, nous pouvons simplement dire que le SAV a été rapide et sans accroche. Confrontés à une erreur lors du calibrage initial de la P1S, nous nous sommes référés au Wiki de l’entreprise pour résoudre le problème, en vain. Nous avons donc contacté le service d’assistance,
qui nous a proposé plusieurs méthodes de résolution et de diagnostic : tirer manuellement sur la courroie pour voir si elle se soulève, prendre une photo de chaque vis d’entraînement et de chaque rail linéaire, ou encore filmer l’imprimante en train de faire monter son plateau tout en étant allongée sur le côté (l’imprimante, pas nous). C’est la deuxième solution qui a réglé le problème. Plus de détails auraient été bienvenus pour rappeler, si besoin est, qu’il ne faut pas forcer sur la courroie, et expliquer comment retirer le panneau arrière de la machine pour accéder à l’un des rails. Ces informations sont détaillées dans le Wiki du fabricant, il aurait donc suffi d’un lien.
Une fois le problème décelé, donc, nous n’avons plus eu qu’à remettre en place le rail. Nous avons poursuivi nos tests pendant une semaine sans rencontrer de nouvel incident, si ce n’est la découverte d’une vis d’entraînement un peu tordue, que Bambu Lab s’est empressé de remplacer. Nous avons donc pu effectuer notre évaluation sur une machine en parfait état.
La qualité d’impression de la P1S est parfaitement conforme à ce que nous attendons des imprimantes 3D de Bambu Lab. Elle produit d’excellentes pièces sans configuration particulière. Ses profils par défaut permettent d’imprimer rapidement et efficacement et nécessitent peu (voire pas du tout) d’affiner les paramètres pour obtenir la qualité d’impression recherchée.
La P1S utilise les mêmes profils que la X1-Carbon, car son ventilateur auxiliaire permet de parfaire le refroidissement et d’atteindre le même niveau que son homologue plus haut de gamme. En d’autres mots, l’imprimante imprime aussi rapidement et refroidit aussi efficacement, pour beaucoup moins cher.
Bien que la série P1 ne dispose pas de l’innovant système lidar proposé sur la X1-Carbon, son mécanisme de nivellement automatique du plateau est toujours aussi convaincant pour cette sa gamme de prix, et a assuré une qualité constante tout au long de nos tests.
Un petit bémol : il n’est pas possible d’accéder depuis le slicer, Bambu Studio, aux cartes microSD branchées sur les imprimantes de la série P1. Nous ne comprenons pas pour quelles raisons une telle fonctionnalité serait bloquée. Car oui, elle est accessible dans la série X1, qui est bien sûr plus chère… Mais il s’agit d’une option tellement triviale que personne ne risque de passer à la gamme au-dessus simplement pour ce petit détail. C’est un mystère.
S’agissant d’une imprimante fermée, la P1S est équipée d’un ventilateur qui régule la température à l’intérieur de l’habitacle en aspirant l’air à travers un filtre à charbon, avant de l’expulser par l’arrière. Le boîtier est du même style que sur la série X1, il existe donc déjà une belle panoplie de modifications créées par la communauté pour chasser cet air hors de la pièce où se trouve l’imprimante. Cependant, il ne faut pas oublier que la P1S est certes fermée, mais pas totalement hermétique : son enceinte et sa ventilation filtrée sont censées limiter les particules ultrafines en suspension dans l’air, les émanations gazeuses dangereuses provenant de matériaux tels que l’ABS et, de manière générale, les mauvaises odeurs. Mais nous disons bien limiter, et non éliminer ! Pensez à toujours imprimer dans une pièce bien aérée.
Bien que la P1S ne soit pas conçue pour traiter les matériaux abrasifs de qualité technique comme l’est la série X1, son habitacle fermé permettant de réguler la température ouvre la porte aux matériaux tels que l’ASA et l’ABS, qui ont tendance, dans de mauvaises conditions, à se déformer.
De même, la P1S est capable d’imprimer des matériaux non chargés de qualité technique tels que le polyamide et le polycarbonate, mais Bambu Lab distingue ces matériaux plus abrasifs des matériaux plus souples, et donc plus compatibles. Cette distinction est probablement due à la buse en acier inoxydable de la P1S, qui ne supportera pas une utilisation excessive de matériaux abrasifs. Elle est certes plus solide que les buses en laiton souple, mais n’est pas faite pour résister à une abrasion intense ou à une utilisation prolongée de matériaux chargés de carbone ou de verre, contrairement à la buse trempée de la X1. Cela dit, il n’est pas difficile de la remplacer par une buse en acier trempé afin de pouvoir imprimer avec des matériaux abrasifs, quitte à l’interchanger au besoin.
Bien sûr, étant donné le penchant de Bambu Lab pour le hardware propriétaire, vous ne pourrez vous fournir que chez lui. Heureusement, la buse ne coûtera que 17 € environ.
Lors de nos tests de la P1S, nous avons voulu vérifier sa capacité à prendre en charge les matériaux sujets au warping, c’est pourquoi nous avons principalement travaillé avec le filament ASA de Bambu Lab. Les petits modèles de test se sont merveilleusement bien imprimés avec les paramètres par défaut et l’ajout d’une bordure (ou « brim ») : pas de déformation. Lorsque nous avons voulu imprimer des modèles plus larges à base plate, nous avons observé une certaine distorsion au cours du refroidissement, mais cela restait dans des limites acceptables pour ce type de print. Sans surprise, nous avons observé plus de warping quand nous avons tenté d’imprimer sans bordure, sans que cela ne saute aux yeux. Même constat pour le polycarbonate.
Récemment, après un bug du service cloud de Bambu Lab qui empêchait de lancer des impressions, certains utilisateurs ont eu la mauvaise surprise de voir leur imprimante se mettre en route toute seule. Lors de cette panne, les systèmes de sécurité des imprimantes n’ont apparemment pas fonctionné et les machines de certains utilisateurs ont été endommagées. Autant dire que Bambu Lab a connu de meilleurs jours. Au cours de nos tests, nous avons nous aussi été touchés par ce bug, une occasion d’explorer un peu les systèmes liés à la panne.
Par défaut, toutes les imprimantes 3D de Bambu Lab sont connectées au cloud. Même lors de l’envoi d’une impression entre des appareils connectés sur un même réseau local, l’imprimante se connecte au serveur de l’entreprise. Selon elle, c’est de là que vient le problème, ce qui n’a pas manqué de soulever de nombreuses critiques.
En effet, les imprimantes 3D de Bambu Lab disposent déjà depuis un certain temps d’un mode LAN Only, qui désactive la connexion au cloud, mais cette option n’était pas particulièrement mise en avant. Avant cet incident, le fabricant ne proposait que très peu de documentation à son sujet. Après la débâcle, la société a rapidement remédié à la situation et réaffirmé son engagement à améliorer ce mode LAN Only.
L’impression en mode LAN Only implique quelques sacrifices, mais la série P1 semble faite spécialement avec cette configuration en tête. Sans le cloud, vous n’avez plus accès au contrôle et à la surveillance de l’imprimante lorsque vous sortez de son réseau local, bien sûr, et vous perdez la fonction d’historique des impressions. Mais c’est tout. Pour la série X1, le sacrifice est un peu plus important, car le mode LAN Only désactive les fonctions reposant sur l’intelligence artificielle, par exemple la détection des « spaghettis ». Avec la P1S, qui en est dépourvue, vous n’aurez pas à vous poser la question. C’est parfait si vous préférez imprimer local.
Pour activer le mode LAN Only, rien de plus facile. Pour commencer, vous devez relier votre imprimante à votre compte Bambu Lab en ligne. Ensuite, vous activez l’option LAN Only sur votre imprimante et saisissez le code d’appairage dans Bambu Studio. Et bim, bienvenue sur le réseau local. La différence avec une utilisation cloud est minime.
La Bambu Lab P1S est un peu la bonne copine qui s’entend avec tout le monde. Elle plaira aux débutants, qui apprécieront de pouvoir imprimer sans grand effort ni connaissances particulières tout en obtenant d’excellents résultats. Mais elle séduira aussi les makers plus expérimentés, car c’est une machine fiable, qui imprime vite et bien sans réglages ni ajustements.
Son habitacle, en plus d’élargir sa compatibilité matériaux, permet de limiter la propagation des particules ultrafines et, de manière générale, d’obtenir des impressions 3D réussies à coup sûr. On ajoute qu’il confère aussi à l’imprimante un look plus propre et compact, ce qui n’est pas désagréable lorsqu’elle est plantée dans un coin du salon. Un avantage à ne pas négliger pour les utilisateurs qui n’ont pas accès à un atelier ou à un bureau.
Ajoutez à cela la compatibilité avec le module AMS et un logiciel qui permet une utilisation très agréable : difficile de trouver quelque chose à redire à cette imprimante de 749 € seulement.
Après des débuts un peu laborieux, Creality a résolu les problèmes de tête d’impression de sa nouvelle imprimante 3D CoreXY fermée, la Creality K1, qui est clairement destinée à grappiller quelques parts du gâteau à Bambu Lab.
Basé sur Klipper, le firmware de Creality laisse encore à désirer, avec des fonctionnalités de base qui ne sont toujours pas opérationnelles. Mais maintenant que le fabricant a déclaré vouloir publier la branche du firmware en open source, sa machine (proche d’une Bambu Lab) offre des impressions de bonne qualité et quelques avantages en termes d’accès et de personnalisation, pour environ 100 € de moins que la P1S.
La Prusa MK4 de Prusa Research reste une concurrente de taille, mais avec quelques compromis importants. Tout d’abord, contrairement à la P1S, cette imprimante n’est pas fermée, il est donc plus difficile de travailler avec des matériaux sujets au warping. Par ailleurs, elle coûte 450 € de plus que la P1S si vous l’achetez en kit, que vous devrez donc assembler vous-même.
Mais elle se rattrape avec son impressionnant Nextrudeur, un extrudeur avancé développé par Prusa qui garantit des « premières couches toujours parfaites » grâce aux nombreuses données recueillies par sa jauge de déformation propriétaire. Prusa applique également une politique globale totalement open source, c’est d’ailleurs pourquoi Bambu Lab peut bénéficier du développement de son slicer. Bien que tous les fichiers de la MK4 n’aient pas encore été publiés, vous pouvez être certain que vous serez en mesure de modifier et de réparer facilement votre machine bien après que Prusa Research ait interrompu son SAV sur ce produit.
Si vous visez une fourchette de prix plus basse, mais que vous voulez tout de même profiter de l’expérience Bambu Lab, vous avez de la chance : le fabricant vient de sortir la Bambu Lab A1 mini, une imprimante 3D en porte-à-faux à cadre ouvert, vendue 319 € seulement. Bien sûr, vous n’échapperez pas à certains compromis, notamment un volume d’impression plus petit (180 x 180 x 180 mm), l’absence d’habitacle fermé, et une cinématique moins originale, mais la machine offre un excellent rapport qualité-prix. Elle n’est pas compatible avec le module AMS complet, mais fonctionne avec le nouvel AMS lite, disponible en lot avec l’A1 mini pour seulement 489 €.
Nos remerciements aux talentueux makers qui ont conçu les modèles présentés en photo dans cet article :
Licence : Le texte de l'article "On a testé la Bambu Lab P1S : chaud devant !" écrit par All3DP est publié sous la licence Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0).
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