Auparavant réservée aux professionnels et amateurs au portefeuille bien garni, la technologie résine représente désormais le nouveau territoire d’exploration du marché de l’impression 3D de bureau. Avec sa Photon 3D, Anycubic a su s’attirer un large public il y a quelques années. Pour se tailler une part du gâteau, ses concurrents se sont alors empressés de proposer leurs propres modèles, et nous récoltons aujourd’hui les fruits de cette compétition.
Généralement disponibles à moins de 1 000 €, ces machines petit budget font le bonheur tant des débutants que des experts, en leur proposant une impression 3D haute résolution à la fois abordable et prolifique.
Révélée pour la première fois en 2017, l’Elegoo Mars constitue un ajout prometteur à cet arsenal toujours plus fourni d’imprimantes 3D résine low cost. Cependant, il a fallu un certain temps à l’entreprise pour préparer cette imprimante 3D LCD de moins de 300 € pour le marché grand public.
Au moment même où nous écrivons ces lignes, les lots ne parviennent que de manière sporadique sur les rayons numériques des commerçants. Et au vu du prix incroyablement bas de la machine, tout part en quelques instants. Pénurie artificielle pour créer l’illusion d’une demande massive ? Peut-être. Même si, d’après nous, l’Elegoo Mars mérite en effet qu’on se l’arrache. Cette machine envoie du lourd.
L’Elegoo Mars est une imprimante 3D remarquable. Proposant une expérience d’impression 3D simple, flexible et satisfaisante à un prix défiant toute concurrence, elle réussit mieux que bon nombre de ses homologues tout en restant dans la sobriété. Avec elle, attendez-vous à des impressions de haute qualité sans faire d’effort particulier.
La stéréolithographie « masquée » est la promesse d’une impression extrêmement sereine. La résine visqueuse coule avec aisance à travers la cuve, tandis que l’axe mobile abaisse le plateau dans un doux ronronnement. Et ensuite ? Ensuite, rien.
Rien de ce à quoi nous a habitué l’impression FDM, en tout cas.Tout se fait sans heurts ni fracas. Oubliés, les soucis de filaments ou de hotends ! Terminées, les impressions détruites par la propre buse qui les a créées ! Il n’y a plus que le discret murmure du plateau qui se déplace de couche en couche.
Avec l’Elegoo Mars, la stéréolithographie (dans son sens large) contribue à une sérénité qui transparaît tout au long de l’impression. Avec un peu d’imagination, on pourrait comparer cette machine au smartphone Pixel 3A de Google : tout en affichant un prix abordable, elle offre une expérience utilisateur impeccable, sans complications et sans superflu.
Et surtout, elle imprime bien. Le rapport prix-performance de l’Elegoo Mars est incroyable, et explique en grande partie le battage médiatique qu’elle connaît actuellement.
D’emblée, on peut sentir que la machine est de bonne facture. Elle n’est pas lourde, mais affiche un bon équilibre. Vous pouvez la déplacer facilement, ce que vous serez fréquemment amené à faire, vu où est caché le port USB (indice : derrière la machine). Mais elle ne risque pas non plus de basculer ou de se renverser lorsque vous l’utilisez, malgré toutes les manipulations que vous lui imposez.
Le couvercle amovible qui permet de bloquer les UV ne représente qu’un contretemps mineur lors de la première mise en route : il vous faudra le retirer complètement de la machine afin de pouvoir accéder à la résine et à la cuve d’impression. Il y a suffisamment d’espace autour de l’axe Z pour pouvoir retirer ou remettre facilement le couvercle sans qu’il ne se prenne sur tous les composants de l’imprimante, vous n’aurez pas de mal à maîtriser rapidement le geste.
Autre avantage d’un couvercle entièrement amovible : vous gagnez un accès direct et sans entraves au bac de résine. Plus la peine de glisser la main à travers une minuscule porte pour enlever la cuve ! Libérés de cette complication, force est de constater que notre expérience avec l’Elegoo Mars s’est avérée nettement plus propre qu’avec d’autres imprimantes.
L’Elegoo Mars offre un terrain de jeu (comprenez, un volume d’impression) de 120 x 68 x 155 mm, ce qui la place au même niveau que des imprimantes telles que l’Anycubic Photon S ou la Sparkmaker FHD. Pour moins de 300 €, c’est une proposition très alléchante, d’autant qu’on pouvait la trouver cet été 2019 à 280 € grâce à certaines offres exclusives. À ce prix, c’est l’une des imprimantes LCD les moins chères du marché, une véritable aubaine face à ses concurrentes.
L’installation de l’Elegoo Mars est particulièrement simple et agréable. La plaque d’impression est maintenue par une rotule, qui se desserre en jouant sur deux vis de blocage. Pour le nivellement, il faut dévisser un peu ces vis, abaisser la plaque jusqu’au fond de la cuve en suivant bien les instructions fournies, appuyer fermement pour garantir une surface plane, puis serrer. C’est tout.
Il ne nous a pas fallu plus de deux minutes pour brancher la machine, niveler la plaque et lancer une impression. Facile !
Comme c’est souvent le cas chez les imprimantes 3D LCD de bureau modernes, l’Elegoo Mars est compatible avec de nombreuses résines sensibles aux UV 405 nm. Par contre, aucune de ces résines n’est livrée avec l’imprimante.
À vous, donc, de vous en procurer avant de vous lancer dans l’impression. Le fabricant propose tout de même sa propre résine, que nous avons décidé de tester en même temps que l’imprimante.
Et sans surprise, le résultat est au rendez-vous. Il faut dire que l’impression résine se fait plutôt sans histoires, comparée à l’impression de filament sur une imprimante FDM de bureau. Tout s’est bien passé également avec le slicer ChiTuBox, qui fonctionne sans problème avec l’Elegoo Mars. Les réglages par défaut sont bien adaptés, et les ajustements mineurs que nous avons effectués au niveau des hauteurs de couche nous ont permis d’atteindre nos ambitions sans provoquer de catastrophe.
Même notre mélange plutôt louche de résine Phrozen de type ABS et de résine Anycubic standard (concocté pour un précédent test d’imprimante LCD) s’est imprimé sans problème. Preuve s’il en est que l’impression résine peut être « facile » et sans surprise, du moins sur l’aspect matériel. Car les difficultés se cachent ailleurs, principalement au niveau de la préparation avant impression.
La hauteur de couche standard de 0,01 et 0,02 mm promise par Elegoo semble tenir. La différence entre les deux hauteurs est si subtile qu’il n’y a selon nous pas de raison de trop s’en soucier. Ne perdez pas de temps et imprimez directement avec la plus grande hauteur. Les impressions sortent avec beaucoup plus de détails que ne le permettrait une imprimante FDM de bureau dans la même gamme de prix (voire un peu plus chère).
Pour augmenter la capacité d’impression de l’Elegoo Mars, il faut aller fouiller au fin fond des paramètres d’impression de ChiTuBox, une astuce s’y dissimule : l’anticrénelage (ou « AA », anti-aliasing, pour les anglophones).
Conséquence secondaire de la technologie utilisée par les imprimantes LCD, vous aurez sans doute entendu parler de l’effet escalier sur la surface des modèles. Chaque tranche d’une impression LCD est en fait une grille 2D composée de pixels carrés (qui sont ensuite physiquement réalisés sous forme de voxels 3D lorsqu’ils sont combinés avec la hauteur de couche de l’axe Z). Problème : les bords de ces voxels peuvent devenir visibles à la surface d’une impression. C’est seulement parce que ces pixels sont minuscules (47 microns sur les axes X et Y) qu’ils apparaissent si lisses à l’œil nu.
L’anticrénelage est une technique de post-traitement qui peut réduire l’apparence de cet escalier. En créant des zones grises entre les pixels qui sont activés ou désactivés, l’AA vient en fait combler les coins pointus des voxels.
Vous pouvez observer par vous-même le résultat de l’utilisation de cette fonction dans l’image ci-dessus. À gauche se trouve une impression sans AA. Sur l’arrête qui coupe l’image en diagonale sont clairement visibles les bords des voxels. L’image de droite représente le même modèle, même hauteur de couche, mais avec l’AA activé. Le même bord est légèrement plus lisse, l’effet d’escalier est moins visible. A l’œil nu, la différence est imperceptible.
Cette astuce est peut-être plus utile lorsque la hauteur de couche est plus élevée, ce qui permet d’équilibrer la vitesse sans sacrifier les détails, mais vu les minuscules hauteurs de couche que permet l’impression LCD SLA, pas sûr que vous en ayez l’utilité. En tout cas, sachez que ça existe.
La qualité d’impression de l’Elegoo Mars est spectaculaire, à tous les niveaux. Typiquement, lors de l’impression avec des imprimantes 3D LCD, les défauts dans le mouvement de l’axe Z ressortent de manière exacerbée, au vu du résultat poli généralement obtenu avec la résine. Mais avec l’Elegoo Mars, nous n’avons pas (ou presque) rencontré ce problème.
Mais nous ne dirons pas non plus que l’expérience a été sans faille. Parfois, après de loooongues périodes d’impression, il est arrivé que le firmware bugue au moment de charger un nouveau projet. À plusieurs reprises, nous avons cru que l’imprimante allait en effet commencer une impression, pour la voir au final entamer le travail directement sur une couche au milieu du fichier. Voire passer à 100 % terminé après n’avoir imprimé qu’une seule couche. Et une fois ou deux, elle ne s’est pas lancée du tout.
Nous avons alors appliqué une solution bien connue de tout professionnel du support informatique : la fameuse technique du « éteindre et rallumer », qui a fonctionné à merveille.
Pour autant, ces problèmes pourraient être facilement corrigés par une mise à jour du firmware. Reste à savoir si une telle update est prévue, et pour quand.
L’Elegoo Mars fonctionne avec le firmware ChiTu et le logiciel de préparation d’impression ChiTuBox. Une solution moderne, bien conçue et facile à utiliser : Elegoo a vraiment fait le bon choix en ne proposant aucune offre propriétaire. Le slicer ChiTuBox, développé par ChiTu, simplifie vraiment le flux de travail entre la préparation de l’impression et la machine. La Mars est d’ailleurs l’une des rares imprimantes à pouvoir prendre en charge le programme, c’est vous dire à quel point il est récent.
Les principales fonctionnalités nécessaires à la préparation d’une impression résine sont au rendez-vous, nommément, une génération de support fiable et le « hollowing » (lorsque les modèles sont évidés). D’autres petites touches bienvenues raviront les utilisateurs, comme la possibilité de faire des modifications sur vos objets sans réduire à néant tous vos efforts : il est notamment possible de repositionner un de vos modèles 3D sans détruire les supports que vous avez mis une demi-heure à placer.
Il est arrivé que les supports s’accrochent aux modèles de la plaque d’impression, mais ça reste rare, en tout cas plus rare qu’avec l’ancien logiciel de tranchage de ChiTu, ChiTu Slicer. Dans l’ensemble, cependant, le logiciel prêt à l’emploi d’Elegoo Mars est une solution tout-en-un plus que performante.
Dans l’état actuel des choses, c’est un oui sans équivoque. Si vous étiez déjà prêt à sauter le pas et acheter une imprimante 3D résine, et que vous en avez repéré une à moins de 250 €, sautez sur l’occasion. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas en acheter deux et revendre la seconde à la fin de la promotion ?
La demande ne va de toute manière pas diminuer de sitôt, selon nous, et parmi les imprimantes 3D résine bon marché que nous avons testées jusqu’ici, l’Elegoo Mars est la plus souple et facile à utiliser. On espère vraiment qu’Elegoo continuera d’assurer, pour que son imprimante bénéficie de tout le support et toutes les améliorations dont elle pourrait avoir besoin.
Voici les caractéristiques techniques de l’Elegoo Mars :
Cette imprimante 3D résine vous fait de l’œil ? Vous pouvez acheter l’Elegoo Mars dans les boutiques en ligne suivantes :
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