Dire que l’Elegoo Saturn est l’une des imprimantes 3D MSLA grand public les plus attendues de tous les temps n’est pas un euphémisme. Il faut dire que son aînée, la minuscule Elegoo Mars, avait déjà mis la barre très haut. Avec ses impressions de qualité supérieure et son prix imbattable, la Mars reprenait à sa sortie le flambeau de l’Anycubic Photon, mettant à la portée des consommateurs au budget limité les performances des meilleures imprimantes SLA.

Mais assez parlé du passé ! Flambant neuve, la rutilante Elegoo Saturn promet d’être tout aussi bien, voire mieux, grâce à son volume d’impression plus généreux et son nouvel écran monochrome. Ce dernier a d’ailleurs créé la surprise : les testeurs de la version bêta disposaient uniquement de machines à écran LCD 2K standard. Suite à leurs commentaires, et ayant peut-être senti le vent tourner, Elegoo a décidé de passer à un écran monochrome de 3840 x 2400 pixels (qui devrait sous peu devenir la norme), pour une vitesse et une résolution d’impression accrue.

Mais commençons par le commencement.

Design et fonctionnalité

L’Elegoo Saturn est à bien des égards similaire aux Mars et Mars Pro qui l’ont précédée. Elle reprend bon nombre des traits de ces prédécesseurs, les agrémentant d’améliorations pratiques pour tenir compte de ses dimensions boostées et des défis que cela implique.

Mesurant 280 x 240 mm, le socle de l’imprimante est d’une solidité sans faille. Robuste et tout en métal, le châssis enserre l’écran tactile couleur de 3,5 pouces sur sa face avant, et cache deux ventilateurs à l’arrière et un port USB sur le côté droit.

À ce propos, le fabricant semble déterminé à changer le port USB de place à chaque nouvelle machine, un peu comme une tradition. Pour la Mars, il se trouvait à l’arrière (affreux), quand on le retrouvait à l’avant pour la Mars Pro et pour la version bêta de la Saturn (l’idéal). Finalement, Elegoo a trouvé un compromis en le plaçant sur la droite de l’imprimante 3D (acceptable). Pourquoi cette modification soudaine de la version bêta ? Sans certitude, mais il y a fort à parier que ce revirement est dû à l’intégration du nouvel écran LCD. Posée sur le module de base, la cuve de résine a su nous séduire.

Outre sa capacité augmentée (pour tirer partie des 192 x 120 mm en X et Y), elle remédie à l’un des inconvénients de la Mars et de la Mars Pro : plus besoin de la faire glisser maladroitement sur le côté, elle peut désormais se retirer par le haut. Parmi les autres améliorations bienvenues, citons quatre bosses saillantes placées au niveau des coins, sous la cuve, et qui permettent de la déplacer sans craindre d’endommager le film FEP avec de la poussière ou des débris.

Enfin, le bac comprend désormais un dispositif pour verser la résine plus facilement, et donc plus proprement. Il y a toutefois un avantage de la Mars Pro que l’on ne retrouve pas sur la Saturn : le marquage gradué à l’intérieur de la cuve pour repérer le niveau de résine. Dommage, surtout quand on sait que le volume d’impression est plus important, et permet donc d’utiliser plus de matériau. Certes, Elegoo fournit un verre doseur, mais ça ne règle pas le problème de la manipulation peu ragoûtante de la résine.

L’axe Z est la véritable colonne vertébrale de l’imprimante 3D. Sur ce point, Elegoo a également renforcé la Saturn, qui dispose désormais de deux rails linéaires flanquant la vis de l’axe Z pour guider la plaque d’impression de haut en bas sans dévier.

Pour ce qui est du cœur de l’imprimante MSLA, dirigeons-nous plutôt vers l’écran LCD. Dans le cas de la Saturn, un écran monochrome 4K de 8,9 pouces et d’une résolution de 3840 x 2400 pixels. Comparé à un écran 2K, on aurait tendance à penser que le nombre de pixels a doublé (quadruplé, en réalité), mais les choses sont un peu plus compliquées que ça.

Étudions les chiffres d’un peu plus près : avec une surface d’impression de 192 x 120 mm, on obtient une taille de pixel X/Y globale de 0,05 mm (50 microns), comparée aux 0,047 mm (47 microns) de la Mars et de la Mars Pro, qui sont donc légèrement plus précises. Si la Saturn avait conservé son écran bêta LCD 2K de 2560 x 1600, elle aurait offert une taille de pixel de 0,075 mm (75 microns).

En l’état actuel, à 50 microns, le niveau de précision de la Saturn est indiscernable de celui de la Mars ou de la Mars Pro.

Par ailleurs, la Saturn brille surtout par sa vitesse d’impression. L’écran monochrome laisse en effet passer une lumière plus intense, ce qui permet de réduire le temps de durcissement des couches à 1 à 2 secondes, contre environ 6 à 8 secondes pour un écran non monochrome. L’Elegoo Saturn est ainsi 60 % plus rapide que les imprimantes de sa catégorie, sans rien perdre de sa précision. Cette nouveauté ouvre un monde infini de possibilités, surtout pour la production en série.

Dans l’ensemble, Elegoo semble avoir tenu compte des commentaires des utilisateurs et fait preuve de bon sens en adoptant des choix pertinents pour que se démarque la Saturn.

Impression et ergonomie

Avec son extérieur cubique, l’Elegoo Saturn est une petite machine bien conçue et peu encombrante. Après quelques jours d’essai, nous pouvons affirmer sans hésitation que l’imprimante est à la hauteur de sa fiche technique, des autres machines de la marque, et de nos propres attentes, au vu de notre expérience avec les autres imprimantes MSLA.

Tout comme la Mars et la Mars Pro, l’Elegoo Saturn est très simple à utiliser. Avant de lancer la première impression, il faut bien sûr passer par l’étape indispensable du nivellement de la plateforme, sans oublier, du moins dans notre cas, de changer manuellement la résolution de l’écran dans le profil Chitubox pour saisir 3840 x 2400 pixels. Il semble que la décision d’améliorer l’écran LCD soit vraiment arrivée au dernier moment : même les instructions et le test d’impression fourni se basent sur l’ancienne résolution.

Pour autant, aucun problème en vue. Le slicer Chitubox, très performant, permet de préparer facilement les modèles 3D en fournissant toutes les fonctions indispensables (hollowing, création des supports…) et les paramètres qui vous permettront de faire les derniers ajustements. Un conseil pour ce logiciel ; nous vous recommandons de régler les structures de support sur « strong », afin d’éviter que la force de pelage abime vos impressions au moment du changement de couche.

Comme c’est désormais le cas pour la plupart des imprimantes 3D MSLA actuelles, l’Elegoo Saturn est compatible avec bon nombre de résines UV 405 nm. Pour notre part, nous avons imprimé avec deux échantillons de résine Elegoo fournis par le fabricant (attention, la version du commerce est vendue sans résine). La Saturn a fonctionné sans problème (et sans réglages particuliers de notre part) avec ces deux résines, mais également avec des fonds de résine provenant d’autres tests. Nous avons même essayé de mélanger la résine « ABS » d’Elegoo avec des résines standards sans rencontrer de problème de vitesse.

Le volume d’impression de la Saturn, à 192 x 120 x 200 mm, est environ trois fois et demie plus important que celui de la Mars (avec une surface trois fois plus grande), offrant un nouveau champ de possibilités pour des créations bien plus larges. En somme, plus d’espace ET plus de vitesse, pour encore plus de fun. Durant la semaine qu’a duré notre test, nous n’avons rencontré aucun problème particulier, si ce n’est le post-traitement toujours un peu complexe, caractéristique typique des imprimantes MSLA.