N’y allons pas par quatre chemins : 2025 sera une année pleine de défis pour la majeure partie de l’industrie de l’impression 3D. Tant pour les fabricants d’imprimantes 3D que les producteurs de matériaux et les éditeurs de logiciels, il s’agit de se retrousser les manches et de produire des résultats. Ceux qui ne s’y tiendront pas ne passeront pas l’année.

Pourtant, ce n’est pas ce que la plupart des entreprises nous ont dit lors du salon Formnext de novembre, qui était étonnamment débordant de positivité.

Pour que 2025 soit une meilleure année que 2024, il va falloir faire preuve d’optimisme tout en affrontant la réalité de la baisse des investissements, des facteurs macroéconomiques difficiles et des consolidations.

All3DP a contacté les leaders d’opinion du marché pour connaître leur point de vue sur l’année qui s’annonce. De notre propre comité consultatif de rédaction aux entretiens menés en personne lors du récent salon Formnext, parmi d’autres sources, voici ce que nous réserve l’industrie de la fabrication additive en 2025.

Fabrication additive: perspectives 2025

Pas de remise en question de la technologie

Photo de Fabrication additive: perspectives 2025: Pas de remise en question de la technologie
Depowdering parts at service bureau 1zu1. Photo by Darko Todorovic (Source: 1zu1)

Tant au sein du secteur de la fabrication additive qu’à l’extérieur, les entreprises n’ont pas perdu confiance dans les promesses de la technologie.

« Notre vision n’a pas changé », a déclaré Alex Monino, vice-président senior de la personnalisation et de l’impression 3D chez HP, à All3DP. « Nous restons persuadés que ce secteur finira par s’imposer au même titre que l’industrie traditionnelle. Cela va simplement prendre plus de temps que ce que nous avions tous prévu. »

Le ralentissement du marché en 2024 a été causé par différents facteurs, entre taux d’intérêt élevés et accès réduit au capital. Sans compter que l’industrie traditionnelle continue d’être la solution vers laquelle se tournent les fabricants.

« À la veille de l’année 2025, les perspectives autrefois prometteuses de l’industrie de l’impression 3D semblent s’assombrir », a annoncé Brigitte de Vet, PDG de Materialise, dans un communiqué. « Certains s’interrogent sur la capacité de l’industrie à tenir les promesses de ses débuts. Les connaisseurs du secteur savent que cette période reflète simplement les difficultés de croissance d’une technologie transformatrice dont le plus grand potentiel reste à venir. »

Ce qui est sûr, c’est que personne ne remet fondamentalement en question la technologie, rassure Monino. « Je pense que les gens voient encore la valeur qu’elle représente. »

Cependant, son image publique a certainement pris un coup, en particulier en raison des décotations et des fusions litigieuses qui ont fait les choux gras des médias grand public.

« Bien que l’on ait fait état de performances insuffisantes dans le secteur de l’impression 3D, l’optimisme reste de mise »,rassure Michiel Alting von Geusau, PDG d’UltiMaker à All3DP. « Pour autant, des défis subsistent – normalisation, sécurité et confidentialité, formation et assistance – et il faudra donc plus de temps et d’efforts pour aider les clients à découvrir les possibilités qu’offre l’impression 3D. »

2025 sera une année de reconstruction après le coup dur subi par l’industrie de la fabrication additive en 2024, ont déclaré des leaders de l’industrie à All3DP.

« Ce que nous avons traversé récemment, en particulier ces douze derniers mois, est vraiment l’une des pires périodes de l’histoire de l’impression 3D », a confié Phil DeSimone, PDG de Carbon, fabricant d’imprimantes 3D, à All3DP. Selon lui, la principale cause de cette situation est l’amertume des personnes qui ont investi beaucoup d’argent sur ce marché sans en tirer d’intérêt.

« Les entreprises d’impression 3D ont nourri des attentes qu’il était impossible de satisfaire, et tous ceux d’entre nous qui travaillent dans l’industrie le savaient », explique DeSimone. « Elles ont mis la barre très haut et n’ont pas réussi à l’atteindre, ce qui a vraiment ruiné le secteur dans son ensemble. »

L’éclatement de la bulle de la fabrication additive, gonflée par le battage qu’on en a fait, est un thème récurrent dans les médias financiers et commerciaux, et qui n’est pas sans fondement.

« Le secteur semble enfin se consolider », note Brian Alexander, de Syensqo Specialty Polymers, « et j’espère que cela permettra aux entreprises les plus sérieuses et les plus réalistes de sortir leur épingle du jeu et qu’elles sauront esquiver les vagues d’investissements obtenues sur de fausses attentes ».

Retour au sommaire

Publicité
Publicité
Fabrication additive: perspectives 2025

Pourquoi rester optimiste ?

Photo de Fabrication additive: perspectives 2025: Pourquoi rester optimiste ?
Mitchell Barnes, CEO of printing service Ryse 3D, which enjoyed a strong 2024 (Source: Ryse 3D)

En 2024, certaines sorties remarquées du marché (Nexa3D, Zortrax, Sintratec, Kimya), des décotations (Voxeljet, Velo3D) et le rachat de certaines grandes entreprises (Markforged, Desktop Metal, Covestro) ont eu mauvaise presse et mené à une baisse des investissements dans la fabrication additive. Mais ce n’est pas la réalité du terrain, affirment de nombreux initiés du secteur.

« Parmi les gens qui mettent réellement la main à la pâte dans le secteur, nous n’avons jamais vu un tel appétit et une telle ambition pour l’impression 3D et les plans de développement autour de la fabrication additive », affirme Douglas Krone, PDG de Dynamism, un revendeur d’imprimantes 3D et de matériaux pour le grand public et l’industrie.

Comment rebooster la croissance de l’industrie pour 2025 ?

Pour croître, le marché aurait notamment besoin qu’un plus grand nombre d’entreprises achètent plus d’imprimantes 3D. Mais comment ?

C’est sans doute plus facile à dire qu’à faire, mais la réponse repose encore aujourd’hui dans la même solution qu’hier : l’investissement.

« L’impression 3D est encore considérée comme une technologie émergente, et il est essentiel de continuer à investir dans ce domaine », explique Geusau, d’Ultimaker. Cependant, DeSimone, de Carbon, estime que, côté investissement, nous allons assister à une période très difficile à partir de 2024, qui s’étendra jusqu’en 2025.

« Ces douze prochains mois, les investisseurs ne bougeront pas du banc de touche », prédit DeSimone, « et le nombre d’acteurs du secteur va commencer à chuter, que ce soit en raison de consolidations ou parce qu’ils auront simplement mis la clé sous porte ».

Ainsi, avant de voir un retour à l’investissement, le secteur devra encore procéder à une douloureuse consolidation.

« Les entreprises doivent obtenir des bilans sains et des flux de revenus solides, ce qui pourrait résulter d’un plus grand nombre de fusions », explique Krone. Une fois cette étape franchie, elles pourront se concentrer davantage sur la recherche et le développement et élaborer des feuilles de route pour leurs produits qui offrent transparence et prévisibilité aux entreprises clientes, afin qu’elles puissent elles-mêmes mettre au point des plans de croissance pluriannuels axés sur l’impression 3D, explique-t-il.

Retour au sommaire

Publicité
Publicité
Fabrication additive: perspectives 2025

2024, retour sur une année charnière

Photo de Fabrication additive: perspectives 2025: 2024, retour sur une année charnière
Stratasys SAF 3D printing with Untrasint PP from Forward AM (Source: Forward AM)

Sans parler d’investissement, les entreprises doivent arrêter de vendre une technologie : elles doivent vendre une solution qui réponde à une problématique du secteur de la production industrielle. Bien sûr, de nombreuses entreprises partent déjà sur cet état d’esprit, mais on observe un virage notable. Le développement d’applications, qui était autrefois un travail effectué en coulisses auprès d’un cercle fermé de juteux clients, évolue vers un marketing qui cible désormais le grand public. Les entreprises vendent leur savoir-faire en matière de fabrication autant que leur matériel, si ce n’est plus.

Les principaux exemples sont HP, EOS, Nikon SLM et Carbon.

« Pour nous, ce marché est drivé par les applications », affirme Monino, de chez HP. « Ce n’est pas de l’équipement que nous vendons, mais la capacité de produire une application, ce qui comprend un certain nombre de choses : le processus d’impression, les matériaux et le processus de post-traitement. »

Exprimant le même sentiment, DeSimone, de Carbon, déclare : « Ce dont l’industrie a besoin, c’est de se concentrer à nouveau sur les applications. Nous ne sommes pas là pour vendre des imprimantes 3D, mais pour aider les clients à mettre sur le marché des produits qui changent la donne, et je pense que le marché va aller dans ce sens. C’est ce dont le secteur a besoin pour faire un nouveau bond en avant. »

Aider les clients à expérimenter avec la fabrication additive, en particulier pour les grandes pièces métalliques coûteuses, c’est la stratégie qu’a adoptée Nikon SLM pour son nouveau centre technologique de Long Beach, en Californie.

« C’est un lieu où nous aidons nos clients à accélérer leur adoption de la fabrication additive métallique, que ce soit en matière d’application, de preuve de concept, ou même de production à faible cadence dans différents alliages ou dans de nouveaux alliages » explique Hamid Zarringhalam, PDG de Nikon Advanced Manufacturing, qui a racheté SML Solutions, le géant de la fabrication d’imprimantes 3D métal fin 2022.

« Nous nous efforçons de mieux faire connaître les avantages de la fabrication additive afin d’accélérer les connaissances à ce sujet, et la formation de la main-d’œuvre reste un axe à améliorer », confie Zarringhalam.

Le fabricant d’imprimantes 3D et de matériaux EOS a ouvert un nouveau centre de formation aux États-Unis afin de « déployer des ressources avant qu’elles ne soient nécessaires pour soutenir nos clients tout au long de leur courbe d’apprentissage » explique Glynn Fletcher, président d’EOS Amérique du Nord.

« Auparavant, les fournisseurs de systèmes de fabrication additive, comme nous, se concentraient sur la validation du concept, puis réalisaient une étude comparative et un échantillon », explique Fletcher, « mais comme la courbe d’apprentissage peut être assez raide, cela pose certains problèmes et obstacles ».

EOS, comme beaucoup d’autres, a donc poussé son offre d’accompagnement un peu plus loin et, au lieu de se limiter à la preuve du concept, l’a étendue à la preuve du processus.

La poudre métallique, une star que l’on n’attendait pas

Bien que quelques entreprises productrices de polymères aient choisi de quitter l’industrie de la fabrication additive en 2024 du côté des poudres métalliques, de nouveaux challengers et start-up ont aussi fait leur entrée

« Le segment des matériaux semble assez bien portant », affirme John Barnes, président de The Barnes Global Advisors, à All3DP. « Cela veut dire que les gens fabriquent des choses.  Et fabriquer des choses, c’est un peu le but de la fabrication additive. » Barnes est aussi le PDG d’une entreprise appelée Metal Powder Works.

« J’espère, et je pense, que nous allons commencer à voir les matériaux évoluer en 2025 », prédit Barnes. « Plus d’alliages et une meilleure connaissance des exigences réelles propres aux matières premières métalliques. »

Retour au sommaire

Publicité
Publicité
Fabrication additive: perspectives 2025

Cap sur la défense

Photo de Fabrication additive: perspectives 2025: Cap sur la défense
The US Navy adopted 3D printing in 2024 at an unprecedented level (Source: Defense News)

Les applications de la fabrication additive vont de l’automobile à l’aérospatiale en passant par les soins de santé, et tout ce qui se trouve entre les deux, mais en 2025, c’est la défense qui va mener le show. L’adoption de la fabrication additive par le secteur de la défense représente un segment prometteur, d’après plusieurs leaders de l’industrie avec qui nous avons échangé.

« Il existe des lacunes dans l’infrastructure industrielle militaire qu’il est très difficile de combler par des moyens conventionnels », déclare Zarringhalam, Nikon SLM.

Les armées envisagent l’impression 3D pour résoudre certains problèmes liés à leur chaîne d’approvisionnement, mais aussi pour ses avantages inhérents, tels que la légèreté, la liberté de conception et la capacité de fabriquer des pièces complexes d’un seul bloc, ajoute Zarringhalam. « Je ne peux pas dire comment cela va se traduire en termes de volume en 2025, mais il s’agit selon moi d’un des plus gros moteurs . »

Fletcher, de chez EOS, a déclaré à All3DP que son optimisme à l’égard du secteur de la défense et des industries réglementées s’explique en grande partie par les progrès réalisés pendant des années dans le domaine de la qualification et de la certification des pièces. « Nous sommes passés par ce processus de qualification, et nous avons obtenu le résultat attendu : le barrage a cédé en ce qui concerne ces applications, et il n’y aura pas de retour en arrière une fois que ces industries réglementées auront pris leur décision. » Le seul point d’interrogation qui persiste, selon lui, c’est le nombre de pièces qui seront produites, et quand.

Retour au sommaire

Publicité
Publicité
Fabrication additive: perspectives 2025

La montée en puissance : seule voie possible ?

Photo de Fabrication additive: perspectives 2025: La montée en puissance : seule voie possible ?
3D printing rocket engines and thrusters is the newest esteem application on display at Formext. This one was at the Trumpf booth (Source: All3DP)

« Je pense que plus tard, nous nous souviendrons de cette période comme l’un des moments les plus marquants de l’histoire de l’impression 3D », affirme DeSimone.

2025 sera-t-elle donc l’année du grand ménage, celle qui marquera la fin de la hype et le virage de l’industrie vers un nouveau cap ? Les leaders les plus émérites avec lesquels nous nous sommes entretenus, qui ont des dizaines d’années d’expérience dans le secteur, s’accordent sur ce point.

« Nous nous en sommes bien sortis [en 2024] et nous prévoyons d’émerger plus forts de ce ralentissement du marché », déclare Molino, l’un des fondateurs de la fabrication additive chez HP.

« Je travaille dans l’industrie des machines-outils depuis longtemps, depuis plus de 40 ans », affirme Fletcher, de EOS, « et j’ai connu beaucoup de hauts et de bas au cours de cette période. Je reste donc toujours un peu prudent pour ne pas me montrer trop optimiste, mais je ne pense pas m’être déjà senti aussi confiant envers quoi que soit ces 40 dernières années que je ne le suis aujourd’hui à l’égard de la fabrication additive. »

Retour au sommaire

Publicité
Publicité
Fabrication additive: perspectives 2025

Des prévisions dans le mille pour 2024

Photo de Fabrication additive: perspectives 2025: Des prévisions dans le mille pour 2024
Source: Dall-E/All3DP

Personne n’aime entendre « Je te l’avais bien dit », mais dans le cas présent, c’est plutôt positif : notre comité éditorial avait en effet en grande partie vu juste pour ses prédictions concernant l’année 2024. Vous ne nous croyez pas ? Rafraîchissez-vous la mémoire avec l’article en lien ci-dessous !

Et vous, que pensez-vous que nous réserve 2025 ? Faites vos paris dans les commentaires ci-dessous.

Retour au sommaire

Publicité
Publicité
Publicité